vendredi 28 décembre 2012

Les fins dernières

Von Stuck: Sisyphe


Il faudra bien subir l'assaut, l'ultime affront,
Les tempes palpitantes sous la déchirure,
Les plaies plus triturées que des trous de serrure,
 Les glandes gangrenées,la suée moite au front.

 Quand l'œil s'épuisera à transpercer l'opaque,
Quand le meli- melo des bruits atténués
 Glissera sur la peau,de frissons dénués ...
 Finies les guérisons,révolue toute Pâque!

 J'exige de savoir à ce moment précis,
 Tandis que les organes usés se verolent,
Qui a le dernier mot et quel porte-parole
 Depuis l'aube des temps fit le juste récit.


 L'abîme de la tombe est-il gouffre béant?
 Quel ciel va féconder l'humus des os friables?
Quelque stellaire arpège ou quelque antre de diable,
La vis sans fin des vies, l'amnésie, le néant?


Plutôt que d'entrevoir l'eden de mes aînés,
 La danse des aimés qui de loin feraient signe,
Aveuglante clarté dont je serais indigne,
 Il vaudrait mieux pour moi de n'être jamais née.

lundi 17 décembre 2012

Naître dans l' élan

Fra Angelico: la Jérusalem céleste.


Par delà les détours des mesquines ellipses,
Le delta mensonger des sinuosités,
Loin du seuil obligé de la morosité,
Sourd aux sinistres trompes de l' apocalypse,

Rit un chemin tout droit, oublieux des orties,
Trop humble pour tenter le pied des parricides,
Nul genou n'y faiblit, aucune larme humide
Ne se fond dans la boue de chutes amorties,

Ce sentier c'est le sang nourricier de nos terres,
Il est le souvenir du fond de nos néants,
Nous pauvres petits nains des monts , des océans
Qui n' avons pour trésor qu' une âme délétère.

Le corps regénéré s' inonde à l' esprit sain,
 La sagesse se lit au troisième oeil du prisme,
 Ne se redoute pas l' horreur des cataclysmes,
 Ne se vénèrent pas le boeuf ou l' abyssin;

 On se connaît sculpté à la paume du Père,
 Pesés et rachetés aux tripes de son Fils,
 Buvant baignés de liesse à de purs sacrifices
 Implorant le pardon pour ceux qui se dupèrent.

dimanche 2 décembre 2012

Ainsi font...

Andrezj Malinowski: jeune fille au pantin.


Enviables pantins,jouets de doigts effilés,
Ficelles reliées à des ciels sans bavures,
Vos veines lézardées aux fragiles nervures
Persisteront privées de sanguins défilés.

Jamais aucun de vous au mal ne succomba,
Car vous obéïssez , humbles poupées dociles,
La cire de vos peaux ni l' arc de vos faux cils
Ne veut l' éternité objet de nos combats.

Les régimes se suivent, passent les années,
Vos regards vont défier les volcans, les tempêtes,
Vous traversez le temps des gestes qu' il répète,
Drapant à l' au -delà des tissus surannés.

ô vous les derniers rois dominant les vilains,
Vous savez que le prix d' être libre est trop cher,
Vieillir figé vaut mieux que souffrir dans sa chair,
Je le sais, automate d' un dieu sybillin.